Trois mois. Trois petits mois à Tacoma, dans l’État de Washington, et pourtant, c’est là que tout a changé. Quand on pense à un tournant dans une histoire d’amour, on imagine une plage, un coucher de soleil, des cocktails à la main… Nous, c’était un chantier. En bottes. Dans le bois. À Tacoma. On est partis trois mois aux États-Unis pour bosser ensemble sur des chantiers de charpente. Oui, en mode ouvrier. On coupait, on clouait, on portait, on montait. Et franchement, c’était intense. Physiquement, déjà. Mais aussi pour le couple. On s’est testés en conditions réelles, comme on dit. Fatigués, parfois agacés, souvent sales, parfois maladroits. Et pourtant, ça a marché. On a appris à fonctionner à deux, pas juste dans les soirées ou en week-end chill, mais dans le vrai monde, celui qui fatigue et qui fait râler. “On s’est soutenus, mais on s’est aussi bien engueulés. Et en fait, c’est ça qui était précieux. Parce qu’on a appris à s’adapter, à faire de la place à l’autre même quand on était crevés.” Et puis les week-ends, c’était comme une autre vie. C’est là qu’on a vu à quel point on était différents… et à quel point ça collait. Arthur, c’est la pêche, la rando, les forêts, le calme. Zoé, c’est les villes, les expos, les églises, la culture. Et pendant ces trois mois, on a tous les deux plongé dans l’univers de l’autre. Sans forcer. On passait un samedi au fond d’un parc national, puis le dimanche dans un musée d’art contemporain. On ne sortait pas en boîte, on ne buvait pas de bière comme au début de notre relation. Non. On s’est aimés autrement, dans un autre contexte, sans nos repères. “C’est ce qui nous a surpris, je crois. De voir qu’on s’aimait aussi fort loin de chez nous, sans la fête, sans les copains, sans tout ce qui avait construit notre histoire au départ.” On s’est trouvés dans le silence, dans les paysages, dans la fatigue partagée, dans les délires de musée ou les trajets en voiture au milieu de nulle part. Et ça, ça nous a marqués. Et puis, il y a eu ce road trip au Grand Canyon, en van avec deux potes. Une semaine sur la route, à galérer un peu, à rigoler beaucoup. C’était poussiéreux, brut, parfois un peu roots, mais tellement naturel. On a pris des chemins pas toujours prévus, on a dormi à l’arrache, on s’est baladés des heures. Et surtout, on s’est marrés comme jamais. “C’est là qu’on a senti qu’on était capables de s’embarquer dans n’importe quelle aventure, du moment qu’on était ensemble. Même dans des situations où on n’a pas de confort, pas de plan précis, mais où on se fait confiance et on rigole.” Ces trois mois, c’était pas censé être un test. Mais rétrospectivement, ça en était un. Et ça nous a prouvé que ça marchait. Fort. Vraiment fort. C’est là qu’on s’est dit, sans forcément se le dire, que notre couple était solide, qu’on pouvait se projeter, travailler ensemble, vivre loin, changer de décor, sans que rien ne s’effondre. C’est là qu’on a compris qu’on pouvait faire bien plus que juste partager une vie tranquille. On pouvait rêver ensemble. Créer. Partir. Tenter. Et c’est ce qu’on a fait.